"donnez-moi deux, trois ou quatre personnages (on a souvent : un pompier, un footballeur, un prof, un policier, par exemple)
- donnez-moi un endroit (la cour, la classe, la mer, la montagne, la voiture...)
- donnez-moi un moment (le matin, le soir, l'hiver, l'été, ...)
et ensuite, par exemple : que peuvent faire un pompier et un footballeur sur une plage, un matin, en été ? J'obtiens une action comme par exemple, jouer au ballon avec une noix de coco.
J'explique alors aux participants qu'il va falloir poser une question ou créer une attente, en bref, créer un "suspens", au début de l'histoire et que la réponse (qu'on appelle aussi la "chute" ou le "dénouement") à cette question, devra être surprenante et si possible amusante.
C'est la partie délicate de l'exercice. Les premières fois, la notion de "suspens" n est pas respecté et proposent des "questions/problèmes" qui ne sont pas de nature à intéresser un public ou qui ne permettent pas un développement lent.
Une fois la question posée, le plus difficile est de trouver un dénouement capable de surprendre et/ou d'amuser. C'est souvent plus facile .
Dans l'exemple ci-dessus, le pompier demande au footballeur de jouer avec lui, mais celui-ci refuse en inventant des prétextes plus farfelus les uns que les autres. Le pompier insiste et essaye de découvrir la vraie raison de ce refus. La question du pompier devient donc peu à peu celle du public qui se demande pourquoi le footballeur refuse de s'expliquer. A la fin, le footballeur déclare, par exemple, qu'il sera d'accord pour jouer, une fois que le pompier aura éteint le soleil qui brûle dans le ciel et qui lui donne chaud.
Les "diversions" (histoires parallèles)
Quand deux ou trois histoires ont été construites de cette façon, les élèves ont compris la mécanique et deviennent très productifs. On aborde alors les "diversions", c'est-à-dire les histoires dans l'histoire.
Pour faire durer le suspens, on peut apporter dans l'histoire principale quelques petites histoires parallèles qui sont construites exactement comme l'histoire principale, mais qui sont simplement plus courtes. Pour "faire diversion" (aux deux sens du terme), le footballeur va par exemple se mettre à raconter un de ses souvenirs. Ce souvenir comportera lui aussi des personnages, un endroit et un moment. Il devra également poser un petit problème qui sera résolu au fil du récit.
Les diversions sont intéressantes parce qu'elles permettent de faire durer l'histoire principale et évite au scénario de tourner en rond en attendant sa conclusion. Mais elles présentent le danger de "perdre" le spectateur et de rendre le récit incohérent. J'explique donc à mes élèves qu'ils ne peuvent ajouter une diversion qu'à la condition expresse qu'elle présente un lien, même ténu, avec l'histoire principale. Pour reprendre encore une fois l'exemple ci-dessus, le souvenir raconté par le footballeur devra démontrer que celui-ci est incapable de faire la différence entre ce qui est près et ce qui est loin, ou ce qui est gros et ce qui est petit, cela expliquera ensuite pourquoi il pense que le pompier pourrait éteindre le soleil.
Dans l'idéal, la diversion est un moyen de faire avancer l'histoire principale sans que le public ne s'en aperçoive forcément.
Pour faire simple et éviter que le récit ne devienne incompréhensible, il est interdit de se lancer dans une nouvelle diversion tant que la précédente n'a pas été conclue.
Au bout d'une dizaine d'histoires travaillées de cette façon, mes élèves deviennent de véritables "pro" et construisent des scénarios vraiment intéressants. Il y en a bien sûr toujours certains qui se détachent du lot, mais tous deviennent plus ou moins capables de fabriquer une petite histoire en très peu de temps. C'est seulement à ce moment-là que je les lance dans l'impro car je tiens à ce qu'ils jouent des histoires qu'ils ont construites eux-mêmes.
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