ntroduction
Que ce soit en théâtre, en musique, ou en danse, les principes de l'improvisation sont toujours les mêmes. Les exemples qui seront utilisés ici porteront sur l'activité théâtrale, mais ce qui est dit s'applique pour les autres formes artistiques. L'improvisation n'est pas seulement présente sous la forme café-théâtre (match d'impro ou spectacle) : dans le théâtre moderne, de nombreux spectacles reposent dessus. Elle est aussi souvent utilisée lors du travail invisible, les répétitions, pour aider à la construction du personnage : comment celui-ci réagirait-il s'il était dans telle ou telle situation. Réussir une improvisation en groupe demande de l'entraînement. Cet entraînement est d'autant plus efficace si on sait ce que l'on doit travailler. L'improvisation repose sur 3 principes fondamentaux : l'écoute, l'acceptation et la sincérité. C'est cette base nécessaire qui sera traitée ici.
L'écoute
Une improvisation construite et cohérente ne pourra se faire que si l'écoute est respectée : tous les acteurs sur scène doivent participer à la même histoire. L'écoute en groupe est difficile, d'autant plus que le nombre de personnes est important. Des exercices permettent de développer l'écoute en groupe, par exemple Mer - Montagne (niveau basique). A chaque instant chaque acteur doit être conscient de ce que font tous les autres acteurs (actions, intentions, ressentis, ...). On reste trop souvent concentré et borné sur nos propres actions. L'exercice Le perturbateur permet de travailler ce point. L'écoute s'apprend, mais elle sera d'autant plus efficace si des personnes sont habituées a travailler et improviser ensemble. L'exercice Bonne bouffe entre copains permet de travailler ce point.
S'écouter s'applique aussi à soi même lorsque celle-ci se fait seule. Lorsque nous sommes sur scène nous avons trois points de vue : le personnage (l'acteur), le juge (le spectateur) et dans le cas de l'improvisation l'auteur. En tant qu'acteur sur scène nous ne devons pas laisser parler notre voix intérieure de spectateur qui juge chacune de nos actions, qui nous regarde jouer et souvent nous crie "Tu n'as pas honte ! Ce que tu fais est vraiment minable !" ou même "Tu es trop génial ! Vas-y rajoute-en encore un peu !". Nous sommes alors soit paralysés par la peur, soit cabotins. Notre rôle n'est pas de montrer quoi que ce soit, mais de ne voir qu'à travers les yeux de notre personnage. Le livre L'acteur et la Cible (Declan Donnellan) détaille bien ceci. Dans le cas de l'improvisation, notre côté acteur doit en plus se mettre au service de notre côté auteur, sans passer par nôtre côté spectateur critique. L'écoute doit donc s'effectuer directement entre le nous auteur et le nous acteur.
L'acceptation
Le deuxième principe découle directement du premier. Ecouter est nécessaire mais encore faut-il accepter ce que l'on nous propose. Comme dit précédemment, les joueurs doivent construire la même histoire. Toute idée proposée par un des joueurs est une piste d'écriture. Accepter toutes les idées proposées permet de faire avancer l'histoire. Nous sommes naturellement sur la défensive, centrés sur notre point de vue et refusant systématiquement les propositions des autres. L'exercice Ni non ni mais ni ? permet de casser cette habitude et de prendre conscience de ce fait.
Une condition nécessaire pour permettre l'acceptation est la confiance dans les autres. Dans l'exercice Les aveugles nous sommes totalement sous la direction de l'autre. Cet exercice très difficile au début est très formateur. De même l'exercice Le foulard nous permet de vaincre nos peurs grâce à la confiance dans le groupe. De même la confiance doit vaincre la peur du contact physique. L'exercice Car wash permet de développer ce point. Cette confiance passe aussi réciproquement par l'acceptation. Si l'on sait que les autres vont nous suivre, nous n'hésiteront pas à faire ce qui se passe par notre tête. Confiance et acceptation vont de paire.
La sincérité
La sincérité est l'essence même du théâtre, de l'art dramatique à la comédie. Lorsqu'on improvise, il ne s'agit pas de dire et de faire n'importe quoi, n'importe comment. On peut dire et faire n'importe quoi, mais pas n'importe comment. Il faut nécessairement croire à ce que l'on fait, être à la recherche de la sincérité, de la crédibilité de nos émotions, de nos pensées. Au théâtre comme au cinéma rien n'est réel mais nos sentiments eux sont véritables. Et c'est justement grâce à cette sincérité intérieure que le public y croira lui aussi.
Même si l'on travaille dans l'imaginaire, que notre couteau est en carton ou invisible, si on croit au couteau, il y aura un couteau. Le danger qui nous guète est de vouloir montrer ce couteau. Il ne sert a rien de "jouer" le couteau, d'exagérer; il suffit d'y croire, d'être sincère. C'est là la différence entre le surjeu et le jeu juste.
Conclusion
Ecoute, acceptation et sincérité sont les bases essentielles pour permettre une improvisation réussie. Trop souvent on voit des improvisations ou les joueurs ne jouent pas ensemble, et une improvisation qui n'avance pas. L'improvisation peut (doit ?) se voir comme une oeuvre commune ou chacun apporte à l'histoire sa manière de voir le sujet