BASE DE L INITIATION

"Les bases de l'initiation

souligner l'importance fondamentale de quelques facteurs, indispensables au bon
déroulement d'une impro :
- la cohérence et la densité du propos (il faut sans cesse chercher à intéresser le public) ;
- l'improvisateur peut être tenté par la facilité, à savoir aligner une succession de gags. Mais raconter des histoires
passionnantes doit demeurer son objectif, pour le plaisir du public et le sien ;
- l'écoute et l'acceptation, qu'on peut aussi appeler "respect du partenaire".

Les deux premiers entraînements d'initiation de cette saison ont porté sur :  
1. un impro est une succession de propositions. On peut ainsi raconter une histoire seul, à deux ou à dix sans problème.
2. dès qu'on joue à plusieurs, il est capital d'écouter et d'accepter les propositions de l'autre (c'est en tout cas un réflexe que l'on
souhaite donner aux nouveaux jouteurs. Plus tard, ils auront tout le temps de nuancer cette notion).
Plusieurs exercices portant sur la narration (on ne joue pas encore, on narre) ont été présentés, afin d'attirer l'attention des recrues
sur l'importance de l'histoire et sur ses mécanismes (sans entrer dans leur détail). Quant à l'acceptation, un exercice de synthèse a
déjà été proposé à la fin du deuxième entraînement (les 30 secondes).

Histoire en cercle
En cercle, chacun à son tour propose une phrase simple qui vient enrichir ou fait rebondir l'histoire improvisée collectivement.
L'attention des participants est portée sur le fait de ne pas gaspiller les propositions énoncées par les autres, tout en faisant avancer
l'histoire pour qu'elle conserve un intérêt.

Histoire à deux
Même objectif que dans l'histoire en cercle, mais en contexte de scène, cette fois. Les deux jouteurs font face au public. L'un des
deux commence une histoire par une proposition claire, pendant que l'autre le regarde (seule la tête tourne). Après quelques
phrases (pas trop), celui qui a la parole tourne la tête vers l'autre qui regarde alors le public et prolonge l'histoire. Celui qui n'a pas
commencé détermine la fin de l'histoire, après quelques minutes.

Histoire en file
Cette fois, deux files de nombre équivalent se font face, de façon assez proche. Celui qui est en tête de la file A, par exemple, lance
une histoire, tandis que l'autre est prêt à tout moment à la continuer. C'est l'animateur qui, par un claquement de mains, détermine
le passage de l'histoire à l'autre file. Celui qui a été interrompu va se placer alors au bout de sa propre file. Le jouteur qui arrive en
tête doit être prêt à prolonger l'histoire à son tour, etc. Insister sur l'écoute soutenue que doivent fournir tous les jouteurs, afin de
nouveau d'éviter le gaspillage d'informations et les incohérences. L'animateur peut, au début, faire la transition à des moments
simples (dans les respirations), mais peut augmenter peu à peu la difficulté en coupant à travers les mots.
Un des objectifs de cet exercice est également la spontanéité. Il faut donc bannir absolument les reprises de fin de phrases du
jouteur précédent. Chacun doit être prêt à reprendre l'histoire avec conviction, même au milieu d'un mot.

Les 30 secondes
Exercice de synthèse qui se joue à deux, en contexte de scène. On commence l'impro par 30 secondes de silence au cours
desquelles chacun fait vivre un personnage tout en manipulant un objet imaginaire. Après ce délai, on peut commencer à parler (on
n'est pas obligé). Les propositions doivent se mêler, ou l'un des deux peut plus simplement suivre la proposition de l'autre. En tout
cas, il est important de faire remarquer les refus et manques d'écoute. Si l'impro fonctionne bien, on peut laisser aller, mais le but
est de réussir le début de cette impro.
La qualité des personnages et des manipulations passe au second plan, même si l'animateur peut insister sur l'importance d'y
penser. Ce sont pour l'instant des réflexes importants à acquérir, la qualité d'interprétation viendra plus tard.

Axes majeurs de l'entraînement
1. Mécanisme "proposition - écoute"
Prolongation de l'exercice de synthèse, les 30 secondes. Cette fois, on peut obliger les jouteurs à donner leur première réplique en
fonction de la manipulation et de l'attitude de l'autre. L'animateur invite chaque jouteur a susciter une réelle envie au fond de lui de
s'intéresser à l'autre. La curiosité est ici le maître mot. Il n'hésitera pas à bannir tout cabotinage ou manque de respect.
Nouvelle notion, un piège très courant
Attention : il ne faut pas commenter ce qui se passe. La proposition doit avoir un rapport avec les causes ou les conséquences de
l'état de l'autre ou de ce qu'il fait, pas directement avec ce qui se passe (exemple : oh, comme tu tonds bien la pelouse" n'a pas
d'intérêt. Par contre, "c'est bien de le faire avant la fête de ce soir" apporte plus à l'impro).
2. Nouveauté : la qualité des propositions, les trois "règles"
A la faveur d'un "gardien de but" (ou "goaler"), l'animateur introduit trois notions fondamentales. Il précise qu'il ne s'agit pas de
règles qui risquent d'être pénalisées par l'arbitre si elles sont bafouées. Elles permettent simplement de densifier le propos et, par
là, de maintenir l'intérêt du public.
- pas de non : prenons le réflexe d'accepter ce qui vient de l'autre. Il sera largement temps plus tard de jouer avec cela ;
- pas de "bonjour" : au début d'une impro, il vaut mieux commencer le dialogue ou l'action comme si les personnages étaient en
présence depuis un certain temps. Commencer par une rencontre peut sans doute s'avérer intéressant, mais sombre
généralement dans un manque intérêt ;
- pas de question : les questions retardent le propos et l'avancement de l'écriture dans l'impro. Certes, elles ne sont pas
interdites, mais nous allons jouer à cela dans cet exercice. De plus, il faut prendre conscience qu'une question posée laisse au
partenaire toute opportunité d'écrire seul l'histoire. Or, de nouveau, l'impro sera brillante si les deux protagonistes sont sur pied
d'égalité. En bref, il faut oser affirmer des choses (tout en tenant bien sûr compte de ce qui a été dit).
L'animateur introduit ces notions une à une, en veillant à ne pas aller trop vite, ce qui aurait pour effet de créer un sentiment d'échec
chez les participants de façon individuelle, ou pire, à tout l'exercice. On peut d'ailleurs, au début, laisser tourner l'exercice sans
aucune contrainte, en focalisant l'attention des participants sur la spontanéité (en poussant à aller toujours plus vite).
3. Quelques notions théâtrales
Au travers du travail fourni par les jouteurs, l'animateur introduit quelques notions basiques de théâtre (sans y consacrer réellement
un module) :
- le regard ;
- la stabilité du corps ;
- l'équilibre de plateau.
Attention : ce n'est pas l'essentiel de cet entraînement. Simplement, il est intéressant de faire remarquer telle ou telle attitude
inadéquate si elle apparaît clairement, tout au long de l'entraînement."