"QU’EST-CE QUE C’EST ?
Le quatrième mur est en fait la séparation imaginaire entre la scène et le public. Ce quatrième mur permettrait donc d’enfermer les comédiens dans un cube : les trois bords déjà composés par la salle et ce fameux mur qui vient empêcher tout lien avec le public.
Vous allez me dire : mais si on joue en extérieur ça ne fonctionne pas alors ? Ce à quoi je vous réponds : arrête de cabotiner petit, tu as très bien compris l’idée, c’est une image !
Pour que le quatrième mur existe autant pour les comédiens que le public, quelques règles sont à respecter :
Les comédiens parlent entre eux et exclusivement entre eux
Jamais au public. Pas de conteur donc, d’adresse public etc.
Les comédiens restent sur leur scène
Si vous commencez à jouer hors de votre espace, les murs n’existent plus.
Les comédiens ne regardent jamais le public
Du moins pas directement. Ils peuvent regarder vers le public, mais simplement parce que leur personnage doit regarder dans ce sens, pas pour prendre à parti le public.
Bien sûr, pour démolir le quatrième mur il suffit d’enfreindre une de ces règles.
Ce fameux quatrième mur existe aussi au cinéma avec ce qu’on appelle le regard caméra, c’est-à-dire le fait que l’acteur regarde l’objectif de la caméra et donne alors la sensation de rentrer chez le spectateur. Frank Underwood, de la génialissime série House of Cards, en est friand.
A QUOI ÇA SERT ?
Comme souvent au théâtre, chaque choix implique une dramaturgie, à savoir le sens que l’on veut donner à notre récit. Le respect ou non du quatrième mur entre dans ce cadre. Comme pour le regard caméra, briser le quatrième mur n’a déjà de sens que s’il s’agit d’une volonté propre du comédien. Si vous vous mettez à regarder dans les yeux des gens du public tout en jouant votre partition, on perd toute la logique de la pièce.
Des millions de raisons existent pour briser le quatrième mur. Quelques unes au hasard :
Créer un lien direct avec le public
Comme le ferait un conteur. Ce dernier est alors le liant entre la scène et le public et doit donc librement voguer de l’un à l’autre (mais les autres comédiens, eux, ne peuvent pas le faire)
Intégrer le public au sein du spectacle
Imaginons un procès. Le public en est le juré. Il parait logique qu’à certains moments les avocats s’adressent directement à eux.
Donner des informations au public que les autres comédiens n’ont pas
C’est le principe de l’aparté. Au milieu d’une scène, on se met à s’adresser au public pour l’informer de quelque chose que le personnage d’en face, par convention, n’entend pas.
A l’inverse, quand on veut jouer dans un cadre très réaliste, dans lequel les personnages sont sensés être complètement impliqués dans leur action, il n’est pas possible de briser le quatrième mur. Imaginez qu’en plein milieu d’une scène totalement dramatique, un des comédiens s’extirpe du lot pour venir faire un clin d’oeil au public : la tension dramatique est morte.
Vous l’avez compris : on peut au sein d’un même spectacle briser puis créer de nouveau le quatrième mur à volonté, suivant le personnage ou le besoin du moment.
ET POUR L’IMPRO ?
D’abord, il est important de noter qu’à priori le quatrième mur existe en improvisation sauf dans les catégories qui permettent le contraire. Ou, du moins, s’il n’y a pas d’interdit direct, on risque le cabotinage à tout instant en jouant trop avec le public et pas avec ses partenaires (voir le manque d’écoute).
Cependant, outre les catégories qui se prêtent directement à s’adresser au public, briser la quatrième mur peut donner de la force à une scène. Imaginez une improvisation solo : le personnage, pour pouvoir facilement faire des ellipses ou faire comprendre au public les situations dans lesquelles il se trouve, peut décider de s’adresser directement aux spectateurs. Pas pour s’attirer leur sympathie, mais pour la compréhension de l’histoire (comme pourrait aussi le faire une voix-off d’ailleurs)."
https://www.caucus.fr/le-quatrieme-mur/